TÉLÉCHARGER UN BILAN ENTREPRISE À JOUR By Infonet

De quoi avez-vous besoin ?

Obtenir un bilan d'entreprise

Accès à tous les services avec le contrat Infonet Pro : Premier mois à 3 € HT puis forfait à 99 € HT / mois avec 12 mois d'engagement

Services B2B d’analyse et d’information légale, juridique et financière réservés aux entreprises

Infonet est un service privé, commercial et non-officiel. Infonet est distinct et indépendant du Registre National du Commerce et des Sociétés, de l’INSEE, d’Infogreffe et des administrations publiques data.gouv.fr.

Contrat Infonet Pro
Accès illimité à tous les services
3 € HT
le premier mois
puis 99 € HT par mois
engagement 12 mois
  • Tous les filtres de recherche
  • Toutes les colonnes du listing
  • Tous les ratios bancaires
  • Tous les modules d’analyse
  • Tous les documents premium
  • Toutes les options import/export
Avis Vérifiés
Basé sur 607 avis
4.6/5
EXCELLENT
MOYEN
MAUVAIS
Les avis sont collectés par la société tierce Avis vérifiés. Ils sont affichés par ordre décroissant de date et proviennent des utilisateurs du site infonet.fr et sans aucune contrepartie. En savoir plus.

Gouvernance d’entreprise et structuration du bilan : un guide analytique

Dans un contexte économique de plus en plus complexe, la gouvernance d’entreprise s’impose comme un facteur déterminant pour assurer l’équilibre et la robustesse des bilans. Au-delà des seuls principes de conformité, elle oriente les décisions stratégiques, conditionne le choix des investissements et module les politiques financières. L’articulation entre les organes de gouvernance et la structure financière d’une société n’est jamais neutre : chaque comité, chaque arbitrage, chaque charte d’engagement influence directement la composition de l’actif et du passif. Cet article se propose de décrypter ces mécanismes, d’analyser les modèles de gouvernance et leurs répercussions sur le bilan, puis de dégager des perspectives innovantes pour optimiser les équilibres financiers à l’horizon 2025.

Nous aborderons d’abord les fondamentaux en clarifiant les notions de gouvernance et de structuration bilancielle, avant d’éclairer les interactions directes qui se tissent entre ces deux dimensions. Nous explorerons ensuite comment la gouvernance stratégique guide le choix d’investissement et détermine la répartition des ressources entre actifs corporels et incorporels. La troisième partie illustrera l’impact de la politique de distributions sur les capitaux propres et le rôle clé des covenants bancaires. Nous montrerons également comment la gouvernance des risques pilote le besoin en fonds de roulement et optimise la trésorerie nette.

Enfin, il sera question de l’intégration des critères ESG dans les organes de décision, avec les nouveaux instruments de financement durable, la réévaluation d’actifs « verts » et la valorisation des engagements hors bilan. Des études de cas comparatives apporteront un éclairage pratique, avant de présenter une feuille de route pour une gouvernance bilanciellement efficiente, tirant parti des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle ou la blockchain.

Gouvernance d’entreprise et structuration bilancielle : définitions et liens initiaux

Clarification des concepts clés

La gouvernance d’entreprise regroupe l’ensemble des mécanismes formels et informels qui régissent la prise de décision et la répartition des droits et responsabilités entre les différentes parties prenantes. Elle se décline autour d’organes principaux : le conseil d’administration, chargé de la supervision et des orientations stratégiques , la direction générale, garante de la mise en œuvre opérationnelle , et divers comités spécialisés (audit, risques, rémunérations) qui affinent les arbitrages. Parmi les principes fondateurs figurent la séparation des pouvoirs, la transparence des processus et la reddition de comptes régulière, qui visent à protéger les intérêts des actionnaires, des créanciers et des salariés.

La structuration du bilan, quant à elle, s’appuie sur la présentation de l’actif (immobilisations, stocks, créances, trésorerie) et du passif (capitaux propres, dette financière, provisions). Les logiques de financement déterminent la part de ressources externes (dettes bancaires, obligations) et internes (réserves, bénéfice non distribué). Dans ce cadre, chaque décision d’investissement ou de financement pèse directement sur la capacité d’autofinancement, la solvabilité et la flexibilité financière, créant un lien étroit avec les orientations prises par les organes de gouvernance.

L’interaction attendue se traduit par un ajustement permanent entre les décisions stratégiques et la présentation bilancielle. Par exemple, l’acceptation d’un projet d’acquisition par le comité d’investissement va entraîner un renforcement du passif à travers un nouvel endettement ou une émission d’actions. Inversement, une politique de dividendes élevée, validée lors de l’assemblée générale, réduira les capitaux propres, limitant les capacités d’emprunt futures. C’est cette dynamique de rétroaction qui confère à la gouvernance un rôle central dans la structuration du bilan.

Modèles de gouvernance et incidences sur le bilan

La gouvernance dite moniste repose sur un conseil d’administration unique où les fonctions de supervision et de gestion stratégique coexistent. Le modèle dualiste, très répandu en Allemagne, sépare conseil de surveillance et directoire, favorisant une distinction nette entre contrôle et exécution. Sur le plan bilanciel, la gouvernance moniste a tendance à privilégier une politique d’endettement mesurée pour préserver la flexibilité du conseil, tandis que le modèle dualiste peut afficher une structure plus dynamique, les directeurs bénéficiant d’une marge de manœuvre accrue pour optimiser le gearing selon les orientations du conseil de surveillance.

Les structures familiales, étatiques ou publiques développent des comportements différenciés. Les groupes familiaux privilégient souvent un faible levier pour protéger l’indépendance et la transmission patrimoniale. À l’inverse, les entités étatiques ou publiques peuvent supporter des ratios d’endettement plus élevés, appuyées par la garantie implicite de l’actionnaire public. Les sociétés cotées affichent quant à elles un arbitrage entre pression des marchés financiers et besoins de réinvestissement, avec une aversion au risque mesurée par les analystes selon les secteurs.

On observe, selon une étude de la Banque de France publiée en 2022, que les entreprises cotées sous gouvernance dualiste présentent un multiple dette nette/EBITDA moyen de 2,8x, contre 2,1x pour celles sous gouvernance moniste. Dans les groupes familiaux, ce ratio s’établit en moyenne à 1,5x sur le panel des ETI françaises, illustrant une prudence bilancielle significative. Ces écarts traduisent l’impact direct des modèles de gouvernance sur la structuration passif-actif.

Mécanismes décisionnels et prise en compte du bilan

Les comités d’investissement jouent un rôle crucial dans l’agrément des budgets d’immobilisations. Leur mission consiste à analyser les dossiers selon des critères tels que le taux de rentabilité interne (TRI), la durée de vie des actifs, et les covenants financiers associés. Chaque dossier soumis est évalué non seulement sur la performance attendue, mais aussi sur son incidence sur les ratios de solvabilité et les engagements bancaires relatifs aux flux de trésorerie.

L’organe d’audit interne, complété par les auditeurs externes, intervient dans la validation des provisions pour risques et charges, la valorisation des actifs incorporels et la vérification des marges réelles sur projets. Les rapports produits par ces comités sont ensuite présentés au conseil d’administration, qui peut ajuster la politique de provisionnement pour répondre à des enjeux prudentiels ou fiscaux. Ces points de contrôle garantissent la fiabilité des chiffres et limitent les mauvaises surprises lors des clôtures annuelles.

Parmi les seuils de vigilance, on retrouve les covenants bancaires – souvent indexés sur le ratio d’endettement net ou la couverture des charges financières – et les ratios réglementaires tels que le ratio de solvabilité minimal dans le secteur bancaire (8 % de fonds propres sur risques pondérés). Le respect de ces paramètres conditionne l’accès aux facilités de crédit et la renégociation des conditions financières. C’est donc au cœur des comités financiers que se décide la robustesse bilancielle à court, moyen et long terme.

Gouvernance stratégique et choix d’investissement

Politique d’investissement et structuration de l’actif

Les comités stratégiques occupent une place centrale dans la définition des critères de sélection des investissements. Ils intègrent aujourd’hui systématiquement des exigences ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) aux côtés des indicateurs traditionnels de rentabilité minimale et de délai de récupération du capital. Le ROI minimal exigé peut varier de 8 % pour des projets matures à plus de 15 % pour des innovations à haut risque, selon la politique de création de valeur définie par le conseil d’administration.

La répartition entre actifs corporels (usines, équipements, infrastructures) et incorporels (logiciels, brevets, fonds commercial) est directement tributaire de cette approche. Dans l’industrie pharmaceutique ou la tech, les investissements en R&D représentent souvent plus de 20 % du total des actifs, conduisant à un goodwill important lors d’acquisitions. En revanche, dans le secteur de la métallurgie, les actifs corporels pèsent plus de 60 % du bilan, orientant la gouvernance vers une maintenance accrue et des politiques d’amortissement agressives pour préserver la compétitivité.

En comparant deux multinationales, l’une spécialisée en logiciels (80 % d’immatériel) et l’autre en construction lourde (65 % de corporel), on observe que la première consacre en moyenne 25 % de son cash-flow disponible à la valorisation d’actifs incorporels et aux acquisitions de start-up. La seconde, quant à elle, alloue 30 % de ses ressources à l’entretien et au renouvellement de parcs machines. Ces divergences illustrent la façon dont la gouvernance stratégique module la structure de l’actif selon le modèle économique.

Gouvernance et financement des investissements

Le choix entre equity et dette pour financer un projet résulte d’arbitrages menés en conseil d’administration, en concertation avec le CFO. Une émission d’actions dilutive peut être préférée lorsque la valorisation boursière est à un pic, tandis que la dette à coût fixe est privilégiée en période de taux bas. Ces décisions impactent directement le passif, avec des effets différés sur les charges financières et la rentabilité par action.

Les instruments hybrides, tels que les obligations convertibles (OCEANEs) ou les obligations à bons de souscription d’actions (OBSA), incluent souvent des clauses de gouvernance. Elles peuvent imposer la présence d’administrateurs désignés par les porteurs, des restrictions sur les opérations de fusion-acquisition, ou des droits de veto sur certaines décisions stratégiques. Ces covenants modèlent la structure du passif et renforcent le contrôle des investisseurs institutionnels sur la trajectoire financière de la société.

À titre d’illustration, une levée de fonds VC de 100 millions d’euros peut s’accompagner de la nomination de deux représentants au conseil et d’une clause prévoyant un seuil de dette nette/EBITDA maximal à 3,5x. Ce type de dispositif permet aux actionnaires de veiller à la discipline financière, tout en assurant un apport de capitaux non dilutifs immédiat. La conséquence bilancielle est une augmentation de l’endettement plafonné, contrôlé par des engagements formels.

Gestion des immobilisations et amortissements

La politique d’amortissement représente un levier de pilotage du résultat et des capitaux propres. Le choix entre méthode linéaire ou dégressive dépend de la nature de l’actif et de la stratégie fiscale. L’amortissement linéaire apporte une charge constante, facilitant la prévision des flux, tandis que l’amortissement dégressif accéléré permet de réduire l’impôt sur les premières années d’utilisation, au détriment d’une moindre flexibilité comptable à long terme.

Le comité des risques intervient dans l’estimation des dépréciations d’actifs, notamment lorsqu’une dégradation du marché ou une obsolescence technologique est identifiée. Les provisions pour dépréciation sont alors inscrites au passif et réduisent la valeur nette de l’actif concerné. Cette démarche est essentielle pour sécuriser le bilan et offrir une image fidèle de la valeur comptable.

L’obligation de sécurisation du bilan passe également par la production de stress tests sur les principaux postes immobilisés, réalisés annuellement par l’audit interne. Ces simulations alimentent le comité financier en recommandations visant à ajuster la durée d’amortissement ou à provisionner des pertes de valeur anticipées. Le bilan gagne ainsi en fiabilité et en crédibilité auprès des investisseurs et des prêteurs.

Gouvernance financière, politique de distributions et capitaux propres

Gouvernance du capital et limites à l’endettement

Le CFO, sous le mandat du directeur général et sous la supervision du conseil, pilote la structure de capital en veillant au respect des ratios cibles. Le gearing (dette nette/capitaux propres) et l’autonomie financière (capitaux propres/total bilan) sont définis comme des indicateurs clés dans la charte financière. Ces seuils, validés régulièrement, servent de garde-fou pour éviter un endettement excessif qui pourrait fragiliser la solvabilité.

Dans le secteur de la distribution, un gearing compris entre 0,5x et 1x est jugé optimal, tandis que dans la biopharmacie, un ratio jusqu’à 2x peut être toléré compte tenu du profil cash-flow des pipelines. Les benchmarks sectoriels, publiés chaque année par les fédérations professionnelles, offrent une grille de référence pour ajuster les cibles en fonction des évolutions conjoncturelles et des opportunités de croissance.

En 2023, selon un rapport du Conseil national des achats, 70 % des grandes entreprises françaises ont revu à la hausse leurs ratios de capitaux propres de 5 à 10 points de pourcentage, afin de renforcer leur résilience post-COVID. Ces ajustements traduisent le rôle actif de la gouvernance dans la sécurisation des ressources propres, garantissant ainsi une marge de manœuvre en cas de tension sur les marchés de crédit.

Politique de dividendes et effets bilanciels

La décision de distribution de dividendes s’inscrit dans un cadre précis, avec l’approbation de l’assemblée générale sur proposition du conseil. Les droits des actionnaires de minorité, protégés par la loi, doivent être respectés, notamment en matière d’information préalable sur les perspectives financières. Une politique de dividendes progressive, fondée sur un payout ratio stable, permet de lisser les distributions et de préserver les réserves.

À l’inverse, une distribution exceptionnelle peut s’avérer pertinente lorsqu’un surplus de trésorerie temporaire est identifié, et que les perspectives de réinvestissement ne justifient pas un maintien de ces liquidités. Cette démarche réduit les réserves et impacte directement la capacité d’autofinancement future, mais peut renforcer la confiance des investisseurs lorsque le contexte conjoncturel est stable.

Par exemple, une entreprise du CAC 40 a versé en 2022 un dividende exceptionnel de 2 milliards d’euros, après la cession de plusieurs filiales. Cette distribution a fait chuter ses réserves de 15 % et augmenté son gearing de 0,3x sur un exercice, mais a été perçue positivement par les marchés, témoignant d’une gouvernance financière réactive et d’une communication transparente.

Covenants bancaires, clauses de performance et négociation

Les covenants bancaires sont négociés par le comité des finances, qui définit les ratios à respecter (Debt/EBITDA, coverage ratio) et les modalités de déclenchement en cas de breach. Ces clauses peuvent inclure des garanties réelles (nantissements, hypothèques) ou des engagements personnels des dirigeants. La qualité de la gouvernance, mesurée par la solidité des comités et la fréquence des revues, joue souvent un rôle dans la négociation des marges et des covenants.

En cas de non-respect, des mécanismes de renégociation sont prévus, comme la remise à plat des ratios ou la possibilité d’appel de garanties additionnelles. La réactivité du comité financier est cruciale pour anticiper ces situations et limiter les coûts de refinancement. Un suivi mensuel, couplé à des rapports d’audit interne, permet de déclencher les plans de redressement avant qu’un breach ne survienne.

Un cas emblématique concerne une société cotée du secteur industriel, confrontée en 2021 à un breach sur son covenant Leverage ratio. Face à une contraction de l’EBITDA liée à la hausse des coûts de matières premières, la gouvernance a engagé une renégociation en 48 heures, aboutissant à une révision temporaire des covenants et à l’émission d’un warrant bancaire, évitant ainsi tout appel de garanties physiques.

Gouvernance des risques et pilotage du besoin en fonds de roulement

Identification et hiérarchisation des risques opérationnels

Le comité des risques est chargé de cartographier les dangers opérationnels (risque de marché, risque industriel, cyberrisque), en fixant une fréquence de reporting trimestrielle ou mensuelle selon l’importance du secteur. Des seuils d’alerte sont définis pour déclencher des provisions pour risques et charges en cas de probabilité élevée d’occurrence. La méthodologie repose sur une note de criticité combinant impact financier et fréquence estimée.

L’influence sur le bilan se manifeste par l’inscription de provisions, généralement inscrites au passif courant ou non courant selon l’horizon de réalisation. Dans l’agroalimentaire, par exemple, la volatilité des cours des matières premières impose des provisions sur coûts d’achat non sécurisés, tandis que dans le négoce international, les garanties de crédit-export génèrent des provisions pour pertes anticipées. Ces mécanismes garantissent la robustesse face aux chocs exogènes.

Impact de la gouvernance sur le BFR et la trésorerie nette

Les politiques de crédit clients et les délais fournisseurs sont fixés par un comité de pilotage qui regroupe le directeur commercial, le DAF et le responsable logistique. En modulant les conditions de paiement, la gouvernance peut améliorer sensiblement le besoin en fonds de roulement (BFR). Un paiement fournisseur à 60 jours au lieu de 30 réduit le BFR de 2 % à 3 % du chiffre d’affaires, améliorant la trésorerie nette.

Les stratégies de cash pooling et de centralisation de trésorerie sont des leviers complémentaires, pilotés par le trésorier sous l’autorité du CFO. La mise en place de facilities intra-groupe permet d’optimiser la gestion des surplus et des déficits de trésorerie, réduisant le recours à des lignes externes. Les indicateurs clés de performance (DSO, DPO, rotation des stocks) font l’objet d’un reporting mensuel au conseil, garantissant une visibilité permanente sur les besoins de financement court terme.

Outils de gouvernance pour le suivi bilanciel quotidien

Le pilotage quotidien du bilan s’appuie sur des tableaux de bord intégrant les flux de trésorerie prévisionnels, les échéances de dette et les seuils de liquidité. Ces outils, développés en ERP ou via des solutions BI, offrent des alarmes automatiques en cas de déviation des KPI clés. Le directeur financier et l’auditeur interne collaborent étroitement pour valider les hypothèses et ajuster les prévisions.

Un exemple concret est la digitalisation du suivi du BFR via un module BI, déployé chez un groupe industriel de 5 000 salariés. Cet outil a permis de réduire de 15 % la variation mensuelle du BFR, grâce à une meilleure anticipation des encaissements et des paiements fournisseurs. La gouvernance interne a ainsi gagné en réactivité et en précision dans la conduite des arbitrages bilanciels.

Gouvernance responsable, critères ESG et répercussions sur le bilan

Intégration ESG dans la stratégie de gouvernance

La montée en puissance des enjeux environnementaux et sociaux pousse les conseils à créer des comités dédiés (RSE, développement durable). Ces organes formalisent des politiques de provisionnement pour risques climatiques (pénalités carbone, coûts de réhabilitation) et sociaux (risque de non-conformité aux normes internationales). Selon une enquête de l’INSEE, 47 % des entreprises françaises de plus de 250 salariés publient désormais un rapport ESG complet.

La formalisation de ces critères dans le règlement intérieur du conseil garantit leur prise en compte systématique dans les décisions d’investissement et de financement. Les provisions environnementales font désormais partie des bilans consolidés, reflétant l’engagement de l’entreprise à anticiper les coûts futurs liés à la transition écologique.

Financements verts et influence sur le passif

Les green bonds connaissent un essor sans précédent, passant de 15 milliards d’euros émis en 2018 à plus de 250 milliards en 2023 au niveau mondial. Ces obligations vertes sont soumises à des conditions d’émission strictes (projets éligibles, labellisation Climate Bonds), offrant des coûts de financement souvent inférieurs de 5 à 10 points de base par rapport aux obligations classiques. Elles apparaissent dans le passif comme une ressource dédiée au financement durable, renforçant la crédibilité ESG de l’entreprise.

De plus en plus d’emprunts sont liés à des KPIs ESG, avec des mécanismes d’ajustement de taux (step-up ou step-down) en fonction des performances environnementales et sociales reportées annuellement. Une grande entreprise cotée a récemment refinancé 1 milliard d’euros de dette senior en green bonds, diminuant son coût moyen pondéré du capital de 4,1 % à 3,9 % et renforçant son passif durable.

Valorisation des actifs durables et ajustements de bilan

La transition énergétique conduit à la réévaluation d’actifs immatériels, tels que les brevets liés aux technologies propres, selon la juste valeur (fair value) définie par la norme IFRS 13. Ces ajustements peuvent augmenter significativement le goodwill, à condition de justifier le potentiel futur de génération de cash-flow. La gouvernance doit alors documenter rigoureusement les hypothèses de valorisation et soumettre ces estimations à un audit approfondi.

Parallèlement, les provisions environnementales couvrent les engagements de dépollution ou de démantèlement d’installations en fin de vie. Elles figurent au hors bilan sous forme d’engagements fermes, offrant une vision complète des risques latents. Cette transparence renforce la confiance des parties prenantes et aligne la stratégie bilancielle sur les impératifs de durabilité.

Études de cas comparatives et retours d’expérience

Eti familiale vs startup financée en capital-risque

Dans une ETI familiale, la gouvernance est souvent informelle, reposant sur un comité de direction resserré autour du dirigeant actionnaire. Les mesures d’endettement restent prudentes, avec un gearing moyen inférieur à 1x. La politique d’investissement privilégie la rénovation des actifs existants et le renforcement des capacités de production, avec un recours limité aux emprunts externes.

À l’inverse, une startup financée en capital-risque présente une gouvernance formelle encadrée par les term sheets des investisseurs. Le levier d’endettement peut atteindre 2x l’EBITDA dès la phase de croissance, avec des injections de capitaux propres fréquentes. La structure actif-passif reflète un bilan léger, majoritairement constitué de trésorerie et d’immatériels, et un passif dominé par des actions et des options de souscription.

Ces deux modèles se différencient également sur les indicateurs de solvabilité : l’ETI familiale affiche un ratio d’autonomie financière autour de 40 %, contre 15 % pour la startup. Les témoignages de DAF confirment que la gouvernance familiale accorde une prime à la préservation du capital, tandis que les investisseurs VC recherchent la scalabilité rapide, quitte à accepter un bilan plus risqué.

Société cotée dualiste vs moniste dans l’industrie pharmaceutique

Une société pharmaceutique cotée sous gouvernance dualiste a, en 2020, adopté un plan d’acquisition majeur de 3 milliards d’euros, financé par une augmentation de dette à 2,5x EBITDA. Le directoire a autorisé l’opération, puis le conseil de surveillance a validé le financement. Le gearing a bondi de 1,8x à 2,5x en moins de six mois, renforçant temporairement les charges d’intérêt mais favorisant la création de synergies R&D.

Le même exercice mené sous gouvernance moniste aurait probablement conduit à un financement mixte equity/dette, à hauteur de 30 % de fonds propres, pour limiter l’impact sur la notation financière. Sur trois exercices, la société dualiste a vu son ratio revenir à 2,1x grâce à la cession d’actifs non stratégiques, tandis que le peer moniste a maintenu un gearing stable à 1,6x, témoignant d’un pilotage plus conservateur.

Bonnes pratiques et checklist de gouvernance pour optimiser le bilan

Pour assurer une structuration bilancielle optimale, il est recommandé de mettre à jour annuellement la charte de gouvernance, en y intégrant les seuils financiers cibles et les indicateurs ESG. La fréquence des revues bilancielles doit être définie (mensuel pour le BFR, trimestriel pour la dette, annuel pour l’examen global).

Des templates de reporting standardisés, incluant ratio d’endettement, couverture des charges financières, DSO/DPO et suivi ESG, doivent circuler auprès des comités. Cette formalisation garantit une vision partagée et une réactivité accrue, tout en limitant le risque d’arbitrages précipités ou non alignés avec la stratégie à long terme.

Perspectives pour une gouvernance bilanciellement efficiente

L’avenir de la gouvernance bilancielle passe par la digitalisation accrue des processus. Les solutions ERP intégrées et les outils de BI permettent aujourd’hui d’automatiser la consolidation des bilans et le suivi des KPI clés en temps réel. Cette automatisation réduit les délais de production de l’information et augmente la fiabilité des données, offrant au conseil la possibilité d’arbitrages plus rapides et mieux documentés.

L’intelligence artificielle se profile comme un allié de taille pour le pilotage prédictif des ratios financiers. Des modèles de machine learning peuvent anticiper les tendances d’endettement, détecter des anomalies de trésorerie ou alerter sur un risque de breach avant qu’il ne survienne. L’émergence de comités « data-driven » au sein des conseils permet d’adopter une approche agile, fondée sur l’analyse de scénarios multiples et la prise de décision instantanée.

Enfin, la mise en place d’une gouvernance intégrée en temps réel, reposant sur la technologie blockchain, promet une traçabilité parfaite des audits et une transparence accrue des actifs. L’adoption progressive des normes XBRL pour les déclarations réglementaires en France facilitera également l’échange de données standardisées entre entreprises, régulateurs et investisseurs. Un plan d’action 2024–2025 devrait prioriser ces évolutions technologiques, tout en renforçant la formation des membres du conseil aux nouveaux outils et en actualisant les chartes de gouvernance pour y inclure les enjeux numériques et durables.

Pour en savoir plus sur les bilans d'entreprises